Vernaculaire vient du mot Vernaculus, issu du latin qui signifie « relatif aux esclaves nés dans la maison ». Toutefois, il signifie plutôt « tout ce qui est particulier à un pays ». Au sens littéral donc, l’architecture vernaculaire est une architecture particulière propre à un pays ou à une région.
L’architecture vernaculaire : son histoire
L’architecture vernaculaire est une architecture qui suit les traditions de construction d’un pays ou d’une région. En tant que telle, elle se transmet de génération en génération, malgré cela, le style et les techniques de conception peuvent évoluer. Bien qu’il y ait une évolution, cette architecture demeure modeste, mais est aussi durable et économique.
Le concept vernaculaire est assez récent. Il n’a été couramment utilisé que vers les années 1 800 quand les puissances coloniales occidentales partaient explorer les Nouveaux Mondes. Ces derniers ont découvert que la construction variait en fonction du pays ou de la région explorée. Le terme vernaculaire a été utilisé à cette époque pour désigner une construction qui n’a pas été conçue correctement, qui manque d’esthétique et qui est étrange.
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Vers le quart du 20e siècle, les constructions vernaculaires ont été valorisées notamment grâce aux architectes de renom comme Le Corbusier, Frank Lloyd Wright ou encore Adolf Loos. Les bâtisses vernaculaires ont gagné encore plus en notoriété après que Bernard Rudofsky les a présentées lors d’une exposition intitulée « Architecture sans architectes » en 1964.
La définition donnée par Éric Mercer
Éric Mercer définit l’architecture vernaculaire comme étant un ensemble de bâtiments qui ont vu le jour suite à un mouvement de construction ou de reconstruction. Selon lui, cette tendance touche une région, voire même de vastes aires géographiques.
L’architecture en question reflète une époque donnée, mais également une classe sociale spécifique. Cette définition a été reprise par la revue savante que le Centre d’études et de recherches sur l’architecture vernaculaire (CERAV) a éditée en 1980.
La définition du professeur Paul Oliver
En 1997, le professeur Paul Oliver a sorti trois volumes qui abordent le sujet de la construction vernaculaire. Dans le premier volume, il définit l’architecture vernaculaire comme étant l’architecture des gens et rejoint la définition de Bernard Rudofsky comme quoi c’est une architecture sans architectes.
Dans ce volume, Paul Olivier indique que la construction fait appel aux ressources disponibles sur place et se base sur des techniques traditionnelles. Il parle ensuite des traditions constructives dans le 2e et le 3e volume.
Une architecture qui dépend de caractéristiques propres à sa localité
L’architecture vernaculaire est une architecture qui dépend de caractéristiques propres à sa localité. Elle a été conçue en fonction des connaissances accumulées dans la localité concernée. Elle dépend aussi des contraintes telles les matériaux de construction, les besoins, les ressources, le climat, les reliefs et les traditions.
Cette architecture n’est pas reproduite ailleurs, malgré cela, il est possible qu’il y ait des similitudes entre deux ou plusieurs architectures vernaculaires. Suite à cette définition, cette architecture fait partie de l’identité d’un territoire et est également le reflet des contraintes qui y sont liées.
Construction vernaculaire : des bâtisses conçues sans architecte
Les maisons vernaculaires ont été construites en fonction des moyens et des connaissances qu’avaient les constructeurs locaux. Elles ont été construites sans architecte. Le but des constructeurs locaux était de répondre aux besoins, en fonction des ressources. Suite à cela, l’architecture vernaculaire est souvent considérée comme étant une construction primitive et traditionnelle.
A noter toutefois qu’elle a de nombreux avantages. Elle est tout d’abord économique et durable, car les ressources utilisées sont locales. Les constructeurs, bien qu’ils soient locaux, ont pris en compte certaines contraintes. Par exemple, tels que le climat ou encore l’environnement (proximité d’un point d’eau, la végétation, etc.) lors de la conception. Les bâtisses conçues résistent bien aux aléas climatiques de la région. De plus, elles offrent le minimum de confort dont les résidents ont besoin. Cela fait d’elles des bâtiments écologiques et durables.
Les caractéristiques d’une architecture vernaculaire
Les architectes ne construisent pas eux méme l’architecture vernaculaire. Mais plutôt par le peuple pour le peuple. Ce sont donc des bâtisses simples où l’esthétique remplacent au profit du confort, de la facilité et de la durabilité. Parmi les caractéristiques de cette architecture, il y a le coût de la construction, très réduite. Cela s’explique par le fait que les matériaux et la main-d’œuvre restent locaux.
Après, il y a le design qui est traditionnel. Les bâtisses issues de cette architecture peuvent refléter les conditions sociales. Les logements des plus pauvres sont par exemple plus petits et moins élaborés comparés à ceux des plus aisés. La construction vernaculaire peut aussi refléter la culture comme des coutumes religieuses ou encore des cultures traditionnelles.
Les bâtisses de cette architecture représentent aussi parfois le reflet de l’environnement et du climat. L’orientation du toit, des fenêtres et autres ainsi que le choix de la forme ou encore des matériaux utilisés reflètent la manière de pensée. Notamment, à ce que les constructions puissent faire face aux aléas climatiques de la région.
Les alternatives contemporaines qui s’inspirent de l’architecture vernaculaire
Cependant, il existe des alternatives contemporaines qui s’inspirent de l’architecture vernaculaire tout en incorporant des éléments de conception modernes. Voici quelques exemples d’alternatives à l’architecture vernaculaire :
Architecture bioclimatique :
L’architecture bioclimatique prend en compte les conditions climatiques locales pour concevoir des bâtiments qui optimisent l’utilisation des ressources naturelles. Elle utilise des techniques telles que l’orientation du bâtiment pour maximiser l’efficacité énergétique, l’utilisation de matériaux locaux et durables, ainsi que des systèmes passifs de chauffage et de refroidissement.
Architecture durable :
L’architecture durable met l’accent sur la réduction de l’impact environnemental à long terme. Elle intègre des principes de conception tels que l’utilisation de matériaux recyclés ou recyclables, l’efficacité énergétique, l’utilisation de sources d’énergie renouvelables et la gestion des ressources naturelles.
Architecture contemporaine inspirée par la tradition :
Certains architectes s’inspirent de l’architecture vernaculaire dans leurs conceptions contemporaines. Ils utilisent des matériaux et des techniques traditionnels, mais les combinent avec des formes, des matériaux ou des technologies modernes pour créer des bâtiments uniques qui reflètent à la fois le contexte local et les besoins contemporains.
Architecture adaptative :
L’architecture adaptative se concentre sur la flexibilité et l’adaptabilité des bâtiments aux besoins changeants des utilisateurs. Elle utilise des conceptions modulaires, des systèmes de construction préfabriqués et des structures réversibles pour permettre une évolution facile des bâtiments au fil du temps.
Architecture organique :
L’architecture organique cherche à intégrer harmonieusement les bâtiments dans leur environnement naturel. Elle s’inspire des formes et des motifs trouvés dans la nature pour créer des structures qui se fondent visuellement et fonctionnellement dans leur contexte.
Ces alternatives à l’architecture vernaculaire illustrent différentes approches pour concevoir des bâtiments qui sont sensibles à leur environnement et qui répondent aux besoins contemporains en matière de durabilité et de flexibilité.