Le dispositif MaPrimeRénov’ subit une nouvelle réduction budgétaire, plongeant les artisans du bâtiment dans une profonde exaspération. Alors que le budget initial prévu à 4,5 milliards d’euros, il est tombé à 2,3 milliards d’euros en 2024. En outre, pour l’année 2025, il va encore se réduire de 700 millions d’euros, atteignant 1,6 milliard d’euros. Cette décision, prise dans le cadre des politiques d’austérité et de recherche d’économies budgétaires, marque un tournant inquiétant pour les artisans et pour la transition énergétique du pays.
Les réductions budgétaires successives, fragilisent les artisans du bâtiment
Les artisans du bâtiment se trouvent dans une situation critique, confrontés à des réductions budgétaires qui affectent directement leur activité. Selon la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), ces coupes successives dans le budget de MaPrimeRénov’ entraînent une perte de compétitivité. De plus, elles mettent en péril la viabilité de nombreuses entreprises. En 2024, le budget du dispositif a été réduit de 2,2 milliards d’euros, soit près de la moitié des fonds initiaux. Cette réduction a entraîné une forte pression sur les prix des travaux de rénovation, notamment pour les artisans spécialisés dans l’isolation thermique, le chauffage ou les travaux d’amélioration énergétique.
En 2025, la situation risque de se dégrader encore.
Les artisans se préparent à une année particulièrement difficile. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, a exprimé son inquiétude face à cette politique budgétaire qui pourrait entraîner un ralentissement des projets de rénovation, avec à la clé une réduction significative du nombre de chantiers et, donc, des revenus pour les entreprises du secteur. Selon des données fournies par la Capeb, environ 30% des artisans pourraient être contraints de réduire leurs effectifs ou de fermer leurs portes en raison de cette réduction du budget.
Impact direct sur les particuliers et les ménages modestes
L’impact de cette coupe budgétaire est loin d’être limité au secteur des artisans. En effet, ce sont surtout les particuliers, et en particulier les ménages modestes, qui risquent de souffrir le plus de cette réduction des aides à la rénovation énergétique. MaPrimeRénov’ a été une bouée de sauvetage pour de nombreux foyers qui, faute de moyens, n’auraient pas pu entreprendre de travaux d’isolation ou de remplacement de leurs systèmes de chauffage. Ces travaux, souvent nécessaires pour améliorer l’efficacité énergétique des logements, permettent de réduire les factures de chauffage et d’électricité, tout en participant activement à la lutte contre le changement climatique.
Cependant, avec un budget réduit à 1,6 milliard d’euros en 2025, les critères d’éligibilité pourraient être modifiés. En outre, de nombreux foyers pourraient ne plus bénéficier des aides pour des travaux jugés « moins prioritaires ». Selon les informations fournies par l’Agence nationale de l’habitat (Anah), la menace pèse sur les travaux dits « par geste », comme:
- le remplacement de fenêtres,
- l’isolation par l’extérieur
- l’installation de chauffe-eaux thermodynamiques,
Cela pourrait dissuader les ménages modestes de se lancer dans des rénovations pourtant indispensables à leur confort et à leur pouvoir d’achat.
En outre, une part importante des bénéficiaires de MaPrimeRénov’ provient des zones rurales ou des quartiers dits « fragiles ». Ces ménages, souvent en situation précaire, risquent de ne pas pouvoir assumer les coûts supplémentaires des travaux ou de ne pas avoir accès aux nouvelles aides de MaPrimeRénov’ en raison de la réduction des crédits alloués.
Une politique de rénovation énergétique compromise
La réduction du budget de MaPrimeRénov’ met également en péril les objectifs du gouvernement en matière de transition énergétique. L’un des objectifs majeurs de la France, réduire la consommation énergétique des bâtiments. En particulier ceux dits « passoires thermiques ». Ces bâtiments, classés F ou G sur l’étiquette de performance énergétique (DPE), ont une part importante de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre.
La réduction budgétaire risque de ralentir la tendance
Le gouvernement avait fixé l’objectif de rénover 500 000 logements par an afin de réduire le nombre de passoires thermiques. MaPrimeRénov’, lancée en 2020, visait à aider les particuliers à financer les travaux nécessaires. Notamment pour améliorer l’efficacité énergétique de leurs logements. Cependant, avec la réduction du budget, cet objectif semble de plus en plus difficile à atteindre. Selon des données fournies par le Ministère de la Transition écologique, seulement 160 000 logements ont été rénovés en 2023, soit bien loin de l’objectif fixé. Cette tendance risque de se poursuivre en 2025, avec une baisse de la demande et un ralentissement des rénovations.
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Les rénovations globales, qui combinent plusieurs types de travaux (isolation des murs, remplacement des fenêtres, installation de systèmes de chauffage performants), risquent de devenir de plus en plus rares. Notamment car ces projets nécessitent des financements plus conséquents. En conséquence, ce sont les foyers les plus modestes qui risquent de se retrouver dans l’impasse, sans possibilité de réaliser ces travaux cruciaux pour leur confort thermique et pour la réduction de leur facture énergétique.
Réduction des travaux « par geste »
Les travaux dits « par geste », correspondant à des actions ponctuelles comme l’isolation des combles ou le remplacement d’un système de chauffage, restent particulièrement populaires parmi les ménages modestes. Cependant, ces travaux deviennent également les premiers visés par les réductions budgétaires. Avec la diminution des fonds alloués à MaPrimeRénov’, ces travaux pourraient voir leur niveau de financement revu à la baisse. Par exemple, l’isolation des fenêtres, qui est l’un des travaux les plus demandés, pourrait ne plus être éligible à MaPrimeRénov’. Ces changements risquent de toucher un grand nombre de foyers qui n’ont pas les moyens d’assumer seuls le coût de ces travaux.
Un autre aspect préoccupant est la priorisation des projets d’envergure, souvent réalisés par des entreprises plus grandes et donc plus onéreuses. Ces rénovations globales, qui nécessitent l’intervention de plusieurs corps de métier, risquent de devenir les seuls projets financés par MaPrimeRénov’. Une telle orientation pourrait exclure les artisans spécialisés dans des travaux plus petits.
Des artisans sur la sellette
Pour les artisans, cette politique budgétaire semble particulièrement injuste. En 2024, près de 50 % des entreprises du secteur du bâtiment ont vu leur volume d’activité chuter, selon les données de la Capeb. Cette baisse, liée à la fois à la réduction du nombre de projets et à la hausse des coûts des matériaux, rend les rénovations plus coûteuses. Le secteur des travaux d’isolation est particulièrement touché. En effet, avec des prix en hausse pour les matériaux comme la laine de verre, la laine de roche ou le polystyrène expansé, les artisans doivent faire face à une pression croissante. Car les aides de MaPrimeRénov’ couvrent de moins en moins une partie du coût total des travaux.
Les répercussions futures
Les conséquences futures de cette réduction du budget sont multiples. Si les projets de rénovation ralentissent, cela pourrait conduire à une augmentation du nombre de logements énergivores. Le retard dans les rénovations pourrait également avoir un impact sur l’emploi dans le secteur du bâtiment. Notamment, avec une possible hausse du chômage parmi les artisans spécialisés dans les rénovations énergétiques.
Sur le long terme, une telle réduction pourrait fragiliser l’ensemble du secteur de la rénovation. En particulier les petites entreprises et les artisans indépendants. Si ces entreprises se voient contraintes de fermer leurs portes, cela risquerait de créer une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
Conclusion
La réduction des budgets de MaPrimeRénov’ constitue une véritable remise en question de la politique de rénovation énergétique en France. Les artisans du bâtiment, les ménages modestes et la transition énergétique elle-même sont les principales victimes de cette décision. Le gouvernement doit revoir ses priorités pour garantir que la rénovation énergétique reste une priorité.